Le manque de fiabilité des logiciels de traduction automatique est largement connu. Certes, de nombreux travaux permettent d’améliorer leur fonctionnement, mais les outils virtuels sont encore bien loin de pouvoir remplacer l’intelligence humaine.
Et s’il y a bien un domaine où ils sont absolument à éviter, c’est le milieu médical étant donné les implications dramatiques que cela pourrait avoir. D’après une récente étude anglaise, 60 % des traductions sont inexactes.
Les dégâts sont limités quand il s’agit de passer de l’anglais à une langue européenne. En revanche, les choses se corsent pour les traductions en langue asiatique et africaine avec seulement 45 % d’exactitudes.
S’appuyer uniquement sur les compétences linguistiques d’un médecin ou d’un infirmier bilingue n’est pas pour autant la solution idéale.
L’affaire connue sous le nom du « Mot qui valait 71 millions de dollars » s’est déroulée en 1980. Un homme d’origine hispanique est arrivé dans un état comateux dans un hôpital aux États-Unis. Comme sa famille ne parlait qu’espagnol, un membre bilingue du personnel a assuré la communication. Malheureusement, cette personne a interprété le mot espagnol « intoxicado » par « intoxicated », une erreur qu’un interprète professionnel n’aurait pas commise. En effet, en anglais, « intoxicated » renvoie davantage à l’état induit par une surconsommation d’alcool ou de drogue, et non à un état plus large d’empoisonnement comme « intoxicado » (ou « intoxiqué » en français). La famille pensait qu’il souffrait d’un empoisonnement alimentaire. Quant aux médecins, ils l’ont soigné comme s’il souffrait d’une overdose. En réalité, il a souffert d’une hémorragie cérébrale et, faute d’un traitement adapté et rapide, le patient a fini quadriplégique. Le procès s’est soldé par le versement de la somme de 71 millions de dollars.
Cela prouve que les services d’interprètes et traducteurs professionnels demeurent indispensables, notamment lorsqu’il est question de sauver des vies.