De la difficulté de traduire

Selon un classement publié sur le site themuse.com, le métier de traducteur et/ou interprète se classe à la 4e place des métiers à domicile les plus lucratifs, un constat assorti d’un point crucial, le niveau de compétences qui est estimé, à juste titre, « très élevé ». Le site décrit la profession comme suit :

« [Translators] work on special projects that are suited to their talents and areas of knowledge »

En plus d’excellentes qualités rédactionnelles, un traducteur doit effectivement posséder de très bonnes connaissances des secteurs pour lesquels il traduit des documents.  Cette profession requière autant de qualités scientifiques (factuelles) que de compétences artistiques (rédactionnelles). Malheureusement, cette profession étant dérèglementée, n’importe qui peut s’improviser traducteur. Par conséquent, il n’est pas étonnant que l’on se retrouve parfois face à des traductions peu satisfaisantes, voire même un florilège d’erreurs dont les conséquences peuvent être retentissantes. En ce 2 septembre, une erreur historique refait la une, celle de la traduction du mot japonais « mokusatsu » lors de la 2e guerre mondiale (http://www.slate.fr/story/91073/mokusatsu-erreur-traduction-seconde-guerre-mondiale). Cet article très intéressant aborde la difficulté de traduire des termes très ambigus dans le cadre des relations diplomatiques, un exercice de haut vol.

Comment traduire avec justesse des termes ambivalents, sachant que le choix pourrait avoir des répercussions fatales ? Une situation complexe autant sur le plan intellectuel qu’éthique. Imaginez la scène avec cette note de la NSA :

“Mais que voulez-vous dire par: ‘Mokusatsu peut signifier ‘Sans commentaire’ ou ‘Ignorer avec mépris’?!’ Nom de dieu soldat, je ne peux pas aller voir le chef des forces armées avec ça! Je dois lui donner des faits précis, pas un questionnaire à choix multiples! Alors vous vous remettez au boulot et vous me donnez une traduction valable »

Dans un autre contexte, on observe parfois que certains ont un recours plus que léger à des outils peu fiables comme Google Translate, ce qui se traduit par des erreurs gravées dans le marbre (ou le granit dans ce cas-là). Au Canada,  une traduction incompréhensible du poème When I Think of Famous Men de sir Stephen Spender a été gravée sur une façade d’un nouveau monument érigé dans un cimetière militaire à Ottawa. Pour consulter l’article, cliquez ici.

L’utilisation de certains outils est donc à éviter par respect pour la profession d’une part, mais surtout pour le public cible qui mérite de lire un texte compréhensible. En revanche, le recours au correcteur orthographique devrait être, lui, encouragé. Voici un autre exemple d’erreurs gravées dans le marbre : Cela se passe à Ferney-Voltaire, une petite commune dans la région Rhône-Alpes (France). Des plaques gravées de plusieurs citations de Voltaire ont été installées sur l’allée classée menant au château du philosophe. Problème : des fautes d’orthographe ou de syntaxe ponctuent les citations de l’écrivain du Siècle des Lumières. Des erreurs gravées dans le bronze ! Vous pouvez regarder le reportage en cliquant ici.

L’erreur est humaine, ça peut arriver à tout le monde, même aux linguistes les plus érudits. Mais, l’étape de la relecture ne devrait jamais être considérée comme facultative. Exprimer un message c’est bien, mais la forme compte autant que le fond, n’est-ce pas ?